Little Harlock stories












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Terminus Andromède
2. Rencontre



— Monsieur, votre billet…
— Mmm… Quoi ?
— Votre billet, s’il vous plaît, répéta la voix.

Combien de temps avait-il dormi ? Il lui semblait qu’il avait juste cligné des yeux, et pourtant le contrôleur du Galaxy Express se tenait devant lui, attendant qu’il lui montre un document qu’il n’avait jamais tenu en main.
Il fallait qu’il gagne du temps.

— Je l’ai perdu, mentit-il du ton le plus assuré qu’il put prendre. J’étais en train d’admirer la vue lorsque nous sommes partis, mais j’avais oublié que le vent était très violent, et le billet m’a échappé des mains.

Il était assez fier de son mensonge. C’était parfaitement plausible, et ce devait être difficilement vérifiable.

— Je crois plutôt que vous êtes monté sans ticket, rétorqua le contrôleur avec un reniflement de dédain. Vous ne ressemblez pas vraiment aux passagers qui ont l’habitude de prendre ce train.
— Comment osez-vous ! protesta-t-il. J’ai économisé tout ce que j’ai pu pour m’acheter un billet. Vous ne pouvez pas accuser sans preuves !

Il ne pouvait pas distinguer le visage du contrôleur, dissimulé par sa casquette et le large col de son manteau. Seuls ses yeux étaient visibles, deux points jaunes qui brillaient dans l’ombre.
Quelle que soit sa planète natale, ce n’était pas un humain.
Le contrôleur croisa les bras et prit une posture suffisante. Il donna l’impression de sourire.

— Je possède un décompte de tous les passagers qui ont embarqué, déclara le contrôleur. Tous les passagers munis d’un billet dûment enregistré, précisa-t-il. Hors, il s’avère qu’il y a une personne en trop à bord de ce train. Quelqu’un qui par conséquent n’a pas de billet valide.

Zut, c’est trop bête ! Si seulement je ne m’étais pas endormi…

Le contrôleur lui prit le bras avec fermeté.

— Veuillez me suivre. Je dois vérifier votre état civil avant de rendre compte au contrôle central.

Non !
Le garçon se dégagea d’un geste brusque et courut vers l’avant du wagon, qu’il atteignit avant que le contrôleur ne réagisse.

— Revenez ! lui cria finalement celui-ci. Vous aggravez votre cas !

Il ne répondit pas.
Il franchit le wagon suivant en courant, sous le regard étonné des rares passagers. Il entendait le contrôleur derrière lui.

— Arrêtez-le ! criait-il.

Mais le garçon était déjà loin.
Il devait trouver un endroit où se cacher, semer le contrôleur… Il y avait sûrement des wagons de servitude dans ce train, dans lesquels on entreposait les bagages, les caisses de nourriture ou les pièces de rechanges, indispensables pour un si long voyage.

Les wagons se succédaient, et les rangées de banquettes n’offraient qu’une piètre cachette.

La dernière voiture à passagers était vide. Le sas qui menait à l’avant était verrouillé. Ce n’était pas une fermeture sécurisée, mais il ne disposait pas de suffisamment de temps pour forcer la serrure – il n’avait pas l’outillage nécessaire, non plus.

Il parcourut du regard les places inoccupées. C’était inutile de songer à se glisser sous les fauteuils, le contrôleur devait être en train d’explorer méthodiquement tous les wagons.

Il n’y avait pas d’issue.

Il se retourna encore vers le sas, et tenta vainement de forcer l’ouverture de la porte manuellement.

— Il n’y a que des wagons techniques de ce côté, dit une voix féminine. Sans aucun intérêt à mon avis. Ça ne sert à rien de martyriser la porte.

Il sursauta. Une jeune femme se tenait au niveau de la porte opposée du wagon. Elle était vêtue d’un manteau d’hiver et coiffée d’une toque de fourrure. Ses longs cheveux blonds encadraient son visage et tombaient en cascade le long de son dos.
Elle jouait avec une écharpe à pompons.

Il se souvenait l’avoir croisée en remontant le train.

— J’ai l’impression que tu as besoin d’aide, continua-t-elle en s’approchant.

Elle souriait.

— Tu as perdu ta langue ?
— Pourquoi m’avez-vous suivi ? demanda-t-il avec brusquerie.

Il n’avait pas vraiment l’intention d’être désagréable, mais il n’avait pas envie que cette fille le prenne en pitié. Elle devait s’ennuyer par avance du long voyage qui l’attendait, et était venue se distraire un peu.

Il n’allait certainement pas se plaindre.

— Je te l’ai dit, reprit-elle. Je t’apporte mon aide, si tu veux bien.
— Ce n’est pas la peine, fit-il, têtu.

Elle secoua la tête, faisant voler ses cheveux.

— Tu es monté sans billet, n’est-ce pas ? Si le contrôleur te prend, tu seras expulsé du train.

Il détourna ses yeux des siens, pour lui cacher sa peur.

— Il a dit qu’il allait appeler le contrôle central.
— Oui, répondit-elle. C’est la procédure. Il va vérifier que tu n’es pas fiché dans la banque de données. La direction des Galaxy Express y archive tous les avis de recherche qui sont émis sur toutes les planètes desservies par leurs lignes. La compagnie a passé un accord avec la police spatiale, et lui livre tous les criminels qui tentent d’emprunter ses lignes…

Elle attendit qu’il morde à l’hameçon. Il pensa à ce qu’il avait quitté. Est-ce qu’il préférait revenir en arrière, ou courir à une mort certaine ?... Non. Jamais il ne rentrerait.

Il céda.

— Et s’il ne trouve rien ? demanda-t-il.
— S’il n’y a rien, alors tu n’existes pas. Le contrôleur n’attendra pas un arrêt pour te faire sortir du train.
— J’existe ! protesta-il. Et je refuse de mourir maintenant !

Il entendit un bruit de course, puis une respiration essoufflée.

— Enfin je vous rattrape, déclara le contrôleur. Vous ne pouvez pas aller plus loin. Suivez-moi sans faire d’histoires, à présent.
— Monsieur le contrôleur… intervint la fille.
— Oui ? répondit celui-ci avec déférence.
— Je crois que vous faites erreur. Ce jeune homme a bien un billet… Il voyage avec moi, expliqua-t-elle.

Quoi ?

— Je dois quand même vous demander de me le présenter, insista le contrôleur.
— Bien sûr, fit la fille. Je l’ai sur moi, le voilà… Je l’ai gardé car il n’a pas encore pris le temps d’inscrire son nom dessus, ajouta-t-elle.

Le garçon tendit le cou pour voir le morceau de plastique qu’elle montrait. Un billet.
À destination du terminus.
Et vierge.

Cette fille était folle. Un tel billet devait valoir une petite fortune, et elle le donnait, comme ça, comme s’il s’agissait d’un vulgaire ticket de métro.

Le contrôleur soupira.

— Mademoiselle… Vous savez que cela n’est pas très réglementaire.
— S’il vous plaît… fit-elle avec un sourire désarmant.
— Bon, je ferme les yeux pour cette fois, trancha le contrôleur.
— C’est ce que vous dites toujours…

Le contrôleur haussa les épaules, et tourna les talons en grommelant. La fille tenait toujours le billet vierge en évidence, et le considérait avec un petit sourire.
Sans doute s’attendait-elle à une manifestation éperdue de gratitude…
Le garçon arbora une expression de défi.

— Tu es vraiment têtu, fit la fille.

Elle lui fourra d’autorité le billet dans la main.

— Viens me voir si tu te décides à être plus sociable, termina-t-elle. Nous pourrons aller au wagon restaurant ensemble…


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