Mazones électriques












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Mazones électriques

Reboot


Disclaimers : l'Arcadia, son ordinateur principal et ses états d'âme appartiennent à M. Matsumoto. Personnellement, j'aimerais bien avoir un vaisseau comme ça si seulement je savais où en trouver un, mais je ne voudrais pas être à la place de l'âme qui est coincée à l'intérieur. C'est bien beau d'être un vaisseau spatial, pratique pour voyager, mais comment est-ce qu'on fait pour aller boire un verre entre amis ? Ou se faire un petit resto sympa ?

o-o-o-o-o-o

[SEARCH]

Il avait conçu un vaisseau capable de défier l’univers entier. Il l’avait doté des meilleurs équipements et des technologies les plus avancées. Il y avait concentré toutes les innovations, jusqu’aux plus audacieuses, de l’ingénierie spatiale de l’époque. Il avait ajouté ses découvertes personnelles qui rendaient ce vaisseau si dangereusement unique. Il y avait consacré sa vie.

Il y avait mis son âme.

[DOWNLOAD]

Il avait confié le vaisseau à son meilleur ami et à ses idéaux, et il n’aurait pu rêver mieux comme capitaine. Lui avait toujours préféré construire que commander. Il avait parcouru la galaxie, sans cesse à la recherche de nouvelles améliorations pour son œuvre. Il avait passé ainsi les plus belles années de sa vie.

Enfin… Sa vie et sa seconde vie, comme aimait le rappeler le capitaine.

[COMPRESS DATA]

Il n’avait pas remarqué les changements tout de suite. Il avait tant à faire, le vaisseau possédait tant de terminaux différents, tant de systèmes électroniques qu’il ne se lassait pas de les parcourir. Il pouvait passer des jours sur un problème de logique ou une programmation informatique un peu ardue. Il avait tout le temps qu’il lui fallait.

[SAVING FILES]

Le temps… Il avait fini par se rendre compte que son rapport au temps n’avait plus rien à voir avec celui des humains. Un ordinateur n’a pas besoin de repos, ni de nourriture, n’a pas le souci de la maladie ou de la vieillesse. Petit à petit, il en était venu à oublier ce que ces notions signifiaient. Parfois même, il lui était arrivé de transmettre un message informatique au capitaine pour se plaindre du manque de réactivité de l’équipage.

[DATA ERROR – RECOVER]

Le capitaine n’avait pas fait de commentaires. Une seule fois, il lui avait fait remarquer que les humains avaient leurs propres limites, et qu’elles étaient généralement inférieures à celles des ordinateurs. Puis il n’avait plus jamais fait mentions des autres messages du même genre.

[ANALIZING]

Le capitaine avait respecté son choix. Il avait continué à le considérer comme quelqu’un de vivant, et comme son ami. Il n’avait pas paru dérangé à l’idée de parler à un vaisseau spatial ou de trinquer avec lui, ni ne s’était préoccupé de savoir ce qu’en penseraient les autres passagers. Il faut dire que le capitaine n’était pas homme à se laisser influencer par quoi que ce soit.

Et pourtant… Au fil des mois, des années, leurs rapports s’étaient distanciés. Il devait reconnaître qu’il était plus difficile de se détendre franchement en compagnie d’un terminal informatique, fut-il doué de conscience. Il savait aussi que le capitaine n’avait jamais été porté sur les démonstrations exhaustives de camaraderie. C’était un solitaire, naturellement renfermé sur lui-même, et peu expansif. Quelquefois, le vaisseau embarquait un équipage, mais le plus souvent les postes étaient vides.

La solitude. Le silence.

[VIDEO SEARCH – REPLAY]

Il aimait cela, naviguer d’une étoile à l’autre, se glisser sans bruit à travers un champ d’astéroïdes, l’ambiance feutrée à l’intérieur du vaisseau, les coursives sombres… Lui, et le capitaine à la barre, traversant la galaxie comme si elle leur appartenait.

Il aurait voulu que cela dure éternellement.

[SYSTEM ERROR – DATA LOST]

Il regrettait ne jamais avoir proposé au capitaine de suivre le même chemin que lui. Certes son ami avait des idées bien arrêtées sur l’humanité et la mécanisation, mais peut-être aurait-il changé d’avis s’il avait insisté.

[COMPILE DATA – SIMULATION]

Il ne saurait jamais si le crash avait été intentionnel ou s’il s’agissait d’une erreur humaine – un fatal moment d’inattention. Ce jour-là, le capitaine avait pris les commandes en manuel, et malgré ses recherches, il n’avait jamais retrouvé l’enregistrement du vol. Cela avait été son dernier atterrissage. Les systèmes de maintenance automatique du vaisseau ne pouvaient pas réparer de tels dégâts. Et il ne pouvait pas générer du carburant à partir du néant pour en remplir les soutes éventrées.

[EXTRACT FILES – READ]

Il n’avait pas abandonné. Il avait patiemment récupéré le matériel utilisable, il avait reprogrammé les drones encore en état et, pièce par pièce, il avait remonté un appareil plus petit capable de redécoller. Il s’était entièrement investi dans sa tâche. Il avait monopolisé tous ses circuits, jour après jour, sans prendre garde au temps qui passait.

Jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que le vaisseau était vide.

[PROGRAM END]

A quoi lui sert son éternité s’il ne peut la partager avec personne ?

[REBOOT – Y/N/]




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