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|| 4 || La liberté Disclaimers : le pirate à M. Matsumoto. L’amiral aussi, probablement, ainsi que le fauteuil et le vaisseau. En revanche et pour la première fois, le design plutôt à M. Aramaki. Notes chronologiques : préquelle au film CGI, à la louche cinq à dix ans plus tôt. Avant que l’amiral ne soit amiral, justement. Digressions philosophiques : le capitaine n’existe pas. À Yume, pour le
prompt. — La première fois qu’il s’était retrouvé face à lui, il avait compris qu’il avait eu tort de le sous-estimer. Il faisait partie de ces hommes qui dégageaient un charisme incontesté et que l’on devinait, dès le premier abord, prédestinés à commander. Un chef que l’on suivait sans hésiter, un meneur qui poussait ses troupes à la victoire… ou à la mort, mais qui jamais ne s’abaissait à reculer. — Ainsi, tu es donc réel. Il ne prit pas la peine
de répondre. L’eût-il voulu, il aurait d’ailleurs été bien en
peine de savoir comment se défendre. Cela faisait, tous comptes
faits, presque cent ans. Une éternité. Une aberration. Il bougea machinalement
les épaules à la recherche d’une position plus confortable et
reçut en retour un coup de matraque dans les côtes. Il ne broncha
pas. Jamais il n’aurait imaginé se retrouver ainsi, à genoux, les
mains liées, mais au lieu de se sentir vulnérable il était calme
et serein. — Ton temps est terminé, pirate ! cracha l’officier. Désormais, Gaïa ne craindra plus le nom d’Harlock ! Si seulement ils savaient. Harlock ne put retenir un deuxième sourire désabusé. La Coalition pensait-elle vraiment que tout s’arrêterait avec sa capture ? — Vous n’êtes rien, rétorqua-t-il d’un ton méprisant. Et vous n’avez aucune conscience de ce que vous affrontez. L’autre serra le poing.
Fier et très énervé, en effet. Harlock sourit à
nouveau. Ces crétins ignoraient à quel point ils étaient proches
de la vérité. — Tu seras jugé pour tes crimes, reprenait celui-ci. Tu auras un procès équitable, puis tu payeras ta dette à la société comme n’importe qui ! L’officier attendit un
instant qu’il réagisse, ce qu’il ne fit pas. À quoi bon ?
Tant de naïveté sur « l’équité » de Gaïa en
devenait presque risible. — Je serai celui qui restaurera la paix dans la galaxie ! poursuivait le commandant, mâchoires crispées. Vous, les pirates, malgré ce que vous prétendez, vous n’êtes qu’une entrave à notre liberté ! Tant d’idéalisme… Harlock se mordit la
lèvre inférieure, songeur. Cet homme, cet officier de Gaïa, ce
commandant droit et raide dans son fauteuil gravitationnel
méritait-il son mépris ? Pourquoi, tout à coup, éprouvait-il
comme une pointe d’envie ? Pourquoi cette chaleur qui
l’envahissait ? Il laissa son regard se perdre dans le vide, une respiration, deux, un infime instant, puis il renifla avec dédain. Trop tard, il était beaucoup trop tard. Que ne lui avait-on opposé un adversaire aussi pugnace neuf décennies plus tôt ? Ils ne pouvaient plus rien pour lui. — Vous ne pouvez rien contre moi, lâcha-t-il. L’intonation était sarcastique, la provocation évidente. C’était pourtant la réalité. Ils avaient choisi la
facilité en le capturant alors qu’il s’était éloigné de son
vaisseau. Ils avaient cru à une erreur de sa part. Peut-être
était-ce le cas. Peut-être avait-il voulu, en effet, s’affranchir
un instant de cet étau qui l’opprimait. Se souvenir de la senteur
de l’air, de la caresse de la brise. Partir aussi loin que lui
permettaient les liens qui l’enchaînaient à son poste. Il se dégagea brusquement, se mit debout, toisa son adversaire. Il était seul. Il était donc intouchable. Et l’officier le
savait. Harlock fronça les
sourcils. Il restait une dernière hypothèse à vérifier. Le bruit résonna dans le
hangar. Incongru. Lugubre. Semblait-il, doté d’une vie propre. La
peur… La peur était palpable. La peur était. — Il approche, murmura-t-il. Tous l’entendirent.
Tous se raidirent. Il approchait et son
corps réagissait à sa présence. Ses muscles pulsaient, son être
exhalait des volutes spectrales, bleuâtres, qui tournoyaient autour
de lui en d’éphémères feux follets. Les militaires de Gaïa reculaient. Leurs yeux affolés cherchaient une issue, un réconfort mutuel, un zeste de courage. Leur terreur était jouissive. Trop tard maintenant. La mort approche. Sang. Tonnerre. La pièce se teinte de rouge. Il n’y a rien d’autre
à faire qu’attendre. Rester immobile. Profiter encore quelques
secondes de cette sensation fugitive de liberté. Espérer la fin,
savoir qu’il n’en sera rien. — La première fois qu’il s’était retrouvé face à lui, il avait compris qu’il avait eu tort de le sous-estimer. Il faisait partie de ces hommes qui dégageaient un charisme incontesté et que l’on devinait, dès le premier abord, prédestinés à commander. Un chef que l’on suivait sans hésiter, un meneur qui poussait ses troupes à la victoire… ou à la mort, mais qui jamais ne s’abaissait à reculer. — Commandant ! Commandant Ezra ! L’état-major réclame un rapport de toute urgence ! Ezra secoua la tête.
L’escouade avait été décimée. La station de ravitaillement,
inutilisable, nécessiterait de longues et coûteuses réparations.
Tout ça pour quelques malheureux scans d’un vaisseau dont Gaïa
possédait déjà les plans. Une lueur indéfinissable passa dans les yeux de l’officier, mélange de haine, d’une peur naissante et d’autre chose surtout. De la jalousie. De l’envie. L’envie de réduire cet ennemi à l’impuissance, de l’écraser comme un insecte insignifiant. L’envie de lui couper ses ailes afin qu’il cesse de le narguer, lui, cloué dans son fauteuil, privé de son bonheur, incapable d’être libre. — Harlock… On l’avait traité de
criminel, de terroriste. Une menace pour la galaxie. Un pirate. Il se
dressait contre la Coalition Gaïa depuis la fin de la Guerre du
Retour, il y avait de cela presque cent ans. Et il dégageait une
aura qui n’avait rien d’humain. |
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