Des jours ordinaires | ||
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Chocolarcadia
Cookies
Disclaimers :
la petite fille et le pirate appartiennent à M. Matsumoto. La
recette (très bonne, soit dit en passant), non.
Chronologie : 84. Un an après les épisodes de Noël. Par ailleurs, je sais que la cuisinière n’est pas censée exister dans cette série, mais zut. Après tout, elle peut très bien être arrivée hors-champ entre deux épisodes. Note de l’auteur : j’attendais le train et j’ai mis deux heures à écrire ça. Un record de rapidité. Digression de saison : choupimimi, parce que Noël. —
— Lydia ? Mais… Qu’est-ce que tu fais ? Il était – Harlock consulta sa montre – un peu plus de minuit. Ce n’était pas une heure à trouver des petites filles dehors. — C’est une surprise, capitaine ! Tu vas rien dire, hein ? S’il te plaît ? L’enfant le regardait d’un air implorant, debout sur une chaise, devant une table jonchée de paquets, de pots et d’ustensiles divers. — Mais, euh… Ton grand-père est au courant ? Ou Miss Masu ? Tadashi, peut-être ? — Ben non, puisque c’est une surprise ! Oh, d’accord. La cuisine était dans un désordre innommable. Placards ouverts, boîtes renversées, on aurait cru qu’un ouragan était passé par là. Harlock grimaça en imaginant la réaction de celle qui régnait en maîtresse en ces lieux, puis haussa les épaules. Bah, au moins sa propre escapade passerait inaperçue. Il avait en effet eu une petite fringale (il n’avait pas dîné, ni déjeuné, ni… à quand remontait son dernier repas, d’ailleurs ?) et, malgré la menace de Masu, il s’était risqué à un raid nocturne en cuisine. Et il voyait justement un sachet de fruits séchés qui lui conviendrait parfaitement. — Et c’est quoi ta, hum, surprise ? demanda-t-il à Lydia tout en subtilisant avec habileté sa prise (des abricots secs, à première vue). — Un gâteau ! C’est bientôt Noël, il faut faire des gâteaux ! C’était vrai, et il aurait dû s’en douter. Lydia leur avait déjà fait la « surprise » la semaine précédente. Et celle d’avant. De toute évidence, elle ne comptait pas cesser avant les fêtes. Le capitaine retint un soupir. Si cela permettait à la fillette d’éviter de ressasser des pensées moroses et des souvenirs douloureux, c’était un moindre mal. Il hésita. — Tu vas changer de recette ? Pour autant qu’il s’en souvienne, la dernière fois ils avaient eu le droit à une sorte de gâteau au yaourt à la vanille, à moins que ça n’ait été un flan au citron, il n’avait pas réussi à le définir. Enfin, quoi que ce puisse avoir été, il était presque sûr que ça ne nécessitait pas de raisins, ni de noix, ni de… ketchup ? Harlock cligna des yeux. Qu’est-ce que le ketchup faisait sur la table, au milieu de lait, de sucre et de farine ? Et surtout, pourquoi y avait-il aussi de la moutarde ? — Pourquoi, t’avais pas aimé mon gâteau ? — Euhm… Parfois, il fallait dire la vérité aux enfants. Leur avouer que leurs talents culinaires n’étaient pas exceptionnels. Leur apprendre que leur père ne reviendrait pas cette année. Parfois, c’était tout simplement trop dur. — Pourquoi tu ne ferais pas plutôt des cookies, par exemple ? — Je ne connais pas la recette des cookies, bouda-t-elle. — Oh, ce n’est pas grave, ça. Moi, je sais. — C’est vrai ? Tu m’aides ? — Euh, répondit-il en se demandant comment il avait pu se laisser entraîner dans cette conversation. — S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît ! — Chut. Tu vas réveiller tout le vaisseau ! En particulier Masu, et Harlock n’avait pas franchement envie de devoir faire face à la cuisinière à cette heure-ci (et encore moins après s’être fait harceler plusieurs jours durant pour qu’il se nourrisse correctement et à des horaires décents). Lydia lui offrit son plus beau sourire. Il céda. — Il faut d’abord ranger tout ce bordel, lâcha-t-il. En silence. Le capitaine examina méthodiquement les placards. Zut, il manquait l’ingrédient essentiel. Heureusement qu’il possédait son stock personnel. — Je reviens, fit-il. — Oh, non ! Me laisse pas ! geignit Lydia. — Je reviens, j’ai dit. Commence à ranger. Le trajet jusqu’à ses quartiers lui prit moins de deux minutes, qu’il mit néanmoins à profit pour grignoter quelques-uns des abricots séchés qu’il avait récupérés. Il constata à son retour que Lydia ne semblait pas décidée à ranger. Au contraire, elle s’était employée à peser de la farine (et en avait mis partout). Harlock inspira profondément. Il ne voulait même pas songer à la tête de Masu lorsqu’elle découvrirait dans quel état Lydia avait mis sa cuisine, ni au savon qu’il prendrait si elle le surprenait au milieu du carnage. Et comme il ne voulait pas non plus songer à la tête du doc lorsqu’il apprendrait qu’il avait laissé Lydia faire de la cuisine en pleine nuit, c’était le moment de faire preuve d’efficacité. — Tadaa ! s’exclama-t-il en brandissant ce qu’il estimait l’ingrédient indispensable à un bon cookie. Il s’était aperçu trop tard que son dernier « abordage orienté » l’avait conduit à intercepter un carton de chocolat à cuire et non à déguster tel quel. Ça ne l’empêchait pas de le manger, bien sûr, mais après tout les aventures culinaires nocturnes de Lydia représentaient une bonne occasion d’utiliser une partie de ces tablettes. — Bon, énonça-t-il du même ton qu’il prenait pour briefer l’équipage avant un combat. Tu débarrasses tous ces trucs, tu me sors les plaques de cuisson, tu les poses sur la table et tu mets du papier sulfurisé dessus. Pendant ce temps, il essaierait de se rappeler les proportions exactes de la recette. Des œufs, du sucre, du sucre roux, extrait de vanille, sel. Farine, levure. Beurre. Un grand saladier. Harlock se força à oublier la possibilité que quelqu’un entre à cet instant et le découvre les mains dans la farine, en train de mélanger de la pâte à cookies tout en expliquant à Lydia comment briser sauvagement une tablette de chocolat pour en faire des pépites. — C’est une super recette, capitaine ! s’enthousiasmait la petite fille. Mieux que mon gâteau ! Je suis sûre que tout le monde va adorer ! Mais peut-être aurait-il dû diviser les quantités, songea Harlock, parce qu’il se retrouvait à présent avec une boule impressionnante de pâte qu’il allait falloir diviser en dizaines de cookies. — On fait ça avec les doigts ? Lydia était aux anges. Forcément. La fillette avait réussi à se barbouiller de pâte jusqu’aux coudes et de chocolat jusqu’aux oreilles (et même derrière ses oreilles). Et elle avait été autorisée à démolir du chocolat en le frappant avec une louche. C’était sans conteste la recette la plus géniale qu’elle ait jamais réalisée. Finalement, les plaques de cookies furent prêtes à passer au four. Four qu’Harlock n’avait encore jamais fait fonctionner, mais ce n’était pas ça qui allait l’arrêter. — On a le droit de faire cuire, aussi ? C’est super ! — Bien sûr qu’on a le droit de faire cuire ! protesta Harlock. C’est moi le capitaine, ici ! Il était toutefois rassuré que Lydia respecte les conseils de prudence de son grand-père (ou de Masu) et ne s’approche pas du four, c’était dangereux un four pour une petite fille et elle aurait très bien pu se blesser (du moins, davantage qu’en frappant du chocolat avec une louche en équilibre instable sur une chaise). Harlock trouva le bon réglage pour le four après quelques tâtonnements, mais il allait quand même devoir surveiller la cuisson, juste pour être sûr. Et puis il n’avait pas été en mesure d’enfourner toutes les plaques en même temps. Il était donc bloqué en cuisine. Les premiers cookies sortirent du four au bout de quatre minutes. Harlock jeta un coup d’œil à l’horloge murale. Une heure du matin. Bonne heure pour des cookies. Et beaucoup mieux que le repas de fruits secs qu’il avait initialement planifié. — Faut qu’on les goûte, déclara-t-il. T’en veux un ? Lui, il allait en prendre plusieurs, mais il ne voulait pas rendre Lydia malade. Si elle faisait une indigestion en pleine nuit, le doc allait se poser des questions. — ’tention, l’avertit-il. C’est chaud. Mmm, parfait. Beaucoup trop de chocolat (fondu), moelleux… Il n’avait pas perdu la main. Harlock interrompit brutalement le cours de ses pensées. Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Hum. Bref. Tout ça méritait bien une petite boisson pour accompagner. Qu’y avait-il dans le frigo ? — Mais qu’est-ce qu’il se passe, ici ? Et merde. — Oh. Bonjour, ma’am Masu. C’était probablement le moment de s’enfuir, mais cela impliquerait d’abandonner les cookies. Et aussi de laisser Lydia seule face à l’ire de la cuisinière, ce qui n’était peut-être pas très fair-play. — Mon dieu ! Qu’est-ce que… Je… Vous… Apparemment, c’était tellement l’apocalypse en cuisine que Masu ne trouvait plus ses mots. À moins que ce ne soit le choc de croiser le capitaine de l’Arcadia ici, avec un saladier de cookies chauds à la main (et du chocolat au coin des lèvres, Harlock en était presque certain). — Un cookie ? proposa-t-il avec un sourire charmeur. Il voulut faire signe à Lydia de profiter de la diversion pour se sauver, mais la fillette n’était nullement intimidée par la cuisinière. — Le capitaine m’a aidé à faire des gâteaux ! Ce sera la surprise pour le petit-déjeuner ! — Ah, euh… C’est très bien… répondit Masu, semblait-il durablement déstabilisée. Mais tu devrais aller te coucher, maintenant. — On va d’abord ranger, intervint Harlock. Puisque Masu ne paraissait pas décidée à exploser de fureur, autant qu’ils terminent et qu’ils nettoient un peu. Ce n’était pas parce qu’ils étaient à bord d’un vaisseau pirate que les petites filles pouvaient s’y permettre n’importe quoi, non mais ! Lydia et lui occupèrent donc la demi-heure suivante à camoufler les dégâts du mieux qu’ils pouvaient sous le regard interdit de Masu (Lydia fut d’ailleurs ravie de passer la serpillière, comme quoi une enfant pouvait s’amuser avec tout, même à une heure du matin). Lorsqu’ils eurent terminé, la cuisine avait retrouvé un état à peu près normal – et Masu ne s’était toujours pas décidée à exploser, Harlock allait finir par trouver ça bizarre. … Mais bon, autant profiter de cet état de grâce, hein… Lydia partit se coucher sans plus protester. Quant à lui… Il avait calculé avoir confectionné deux cent quarante-deux cookies. En ôtant la poignée qu’il avait déjà mangée, il en restait encore beaucoup trop pour tout l’équipage. Il repartit donc avec un saladier pour son usage personnel. Toujours ça de gagné. Sur le chemin de ses quartiers, il se rappela qu’il lui restait tout un tas de ces plaques de chocolat pâtissier. Il allait donc pouvoir récidiver. Ou alors tester d’autres recettes. Faudrait qu’il en parle à Lydia. |
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